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éclaircissement cette lettre aura produit, sur-tout à la suite de la scene précédente. Aucun, rien du tout. M. Hume se contente en réponse, de me parler des soins obligeans que M. Davenport se propose de prendre en ma faveur. Du reste, pas un mot sur le principal sujet de ma lettre, ni sur l’état de mon cœur dont il devoit si bien voir le tourment. Je fus frappé de ce silence encore plus que je ne l’avois été de son flegme à notre dernier entretien. J’avois tort, ce silence étoit fort naturel après l’autre & j’aurois dû m’yattendre. Car, quand on a osé dire en face à un homme : je suistenté de vous croire un traître, & qu’il n’a pas la curiosité de vous demander sur quoi,*

[*Tout cela porte sur la même fable. Voyez la note 11. ] l’on peut compter qu’il n’aura pareille curiosité de sa vie, & pour peu que les indices le chargent, cet homme est jugé."

"Après la réception de sa lettre, qui tarda beaucoup, je pris enfin mon parti, & résolus de ne lui plus écrire. Tout me confirma bientôt dans la résolution de rompre avec lui tout commerce. Curieux au dernier point du détail de mes moindres affaires, il ne s’étoit pas borné à s’en informer de moi dans nos entretiens, mais j’appris qu’après avoir commencé par faire avouer à ma gouvernante qu’elle enétoit instruite, il n’avoir pas laissé échapper avec elle un seul tête-à-tête,*

[*Je n’ai eu qu’un seul tête-à-tête avec sa gouvernante ; ce fut lorsqu’elle arriva à Londres. J’avoue qu’il ne me vint pas dans l’esprit de l’entretenir d’autre chose que de M. Rousseau.] sans l’interroger jusqu’à l’importunité sur mes occupations, sur mes ressources, sur mes