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d’étonnant, & peut-être instruit d’autres faits que j’ignorois, M. Hume pouvoit-il, dans un éclaircissement, me donner une solution satisfaisante. La seule chose inexplicable ôtoit qu’il se fût refusé à un éclaircissement que son honneur & son amitié pour moi rendoient également nécessaire. Je voyois qu’il y avoit là quelque chose que je ne comprenois pas & que je mourois d’envie d’entendre. Avant doncde me décider absolument sur son compte, je voulus faire un dernier effort & lui écrire pour le ramener, s’il se laissoit séduire à mes ennemis, ou pour le faire expliquer de maniere ou d’autre. Je lui écrivis une lettre qu’il dût trouver fort naturelle*

[* Il paroît par ce qu’il m’écrit en dernier lieu, qu’il est très-content de cette lettre, & qu’il la trouve sort bien.] s’il étoit coupable, mais fort extraordinaire s’il ne l’étoit pas : car, quoi de plus extraordinaire qu’une lettre pleine de gratitude sur ses services & d’inquiétude sur ses sentimens, & où, mettant, pour ainsi dire,ses actions d’un côté & ses intentions de l’autre, au lieu de parler des preuves d’amitié qu’il m’avoit données, je le prie de m’aimer à cause du bien qu’il m’avoit fait ?*

[*Ma réponse à cela est dans la lettre même de M. Rousseau du 22 Mars, où l’on trouve le ton de la plus grande cordialité, sans aucune réserve, sans la moindre apparence soupçon.] Je n’ai pas pris mes précautions d’assez loin pour garder une copie de cette lettre ; mais, puisqu’il les a prises lui,qu’il la montre ; & quiconque la lira, y voyant un homme tourmenté d’une peine secrete, qu’il veut faire entendre & qu’il n’ose dire, sera curieux, je m’assure, de savoir quel