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d’ostentation qui ne me plut pas. C’est tout ce que j’aurois pu passer à M. Hume s’il eût été homme à jetter son argent par les fenêtres, & qu’il eût eu dans une galerie tous les portraits de ses amis. Au reste, j’avouerai sans peine qu’en cela je puis avoir tort."*

[*Voici le fait. M. Ramsay mon ami, peintre distingué & homme de mérite, me proposa de faire le portrait, de M. Rousseau ; & lorsqu’il l’eût commencé, il me dit que son intention étoit de m’en faire présent. Ainsi ce n’est point à moi que l’idée, en vint, & ce portrait ne me coûta rien. M. Rousseau s’est également mépris, & lorsqu’il me fait un compliment sur cette prétendue galanterie de ma part dans sa lettre du 29 mars, & lorsqu’il s’en moque dans celle-ci.]

"Mais ce qui me parut un acte d’amitié & de générosité des plus vrais & des plus estimables, des plus dignes en un mot de M. Hume, ce fut le soin qu’il prit de solliciter pour moi de lui-même une pension du Roi, à laquelle je n’avois assurément aucun droit d’aspirer. Témoin du zele qu’il mit à cette affaire, j’en sus vivement pénétré : rien, ne pouvoit plus me flatter qu’un service de cette espece ; non pour l’intérêt assurément ; car trop attaché peut-être à ce que je posséde, je ne sais point desirer ce que je n’ai pas, & ayant par mes amis & par mon travail du pain suffisamment pour vivre, je n’ambitionne rien de plus ; mais l’honneur de recevoir des témoignages de bonté, je ne dirai pas d’un si grand Monarque, mais d’un si bon mari, d’un si bon maître, d’un si bon, ami, & sur-tout d’un si honnête homme, m’affectoit sensiblement ; & quand je considérois encore dans cette grace, que le Ministre qui l’avoit obtenue étoit la probité vivante, cette probité si utile aux peuples, & si