Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/318

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme aux miens. Mais lorsque je les recevrai, je veux pouvoir me livrer toutentier aux sentimens qu’ils m’inspirent, & n’avoir le cœur plein que des bontés de Sa Majesté & des vôtres. Je ne crains pas que cette façon de penser les puisse altérer. Daignez donc, Monsieur, me les conserver pour des tems plus heureux : vous connoîtrez alors que je ne differe de m’en prévaloir que pour tâcher de m’en rendre plus digne. Agréez je vous supplie, mes très-humbles salutations & mon respect.”

J. J. R.

Cette lettre parut au général Conway, comme à moi, un refus net d’accepter la pension tant qu’on en seroit un secret ; mais comme M.. Rousseau avoit été dès le commencement instruit de cette condition & que toute sa conduite, ses discours, ses lettres, m’avoient persuadé qu’elle lui convenoit, je jugeai qu’il avoit honte de se rétracter là-dessus en mécrivant, & je crus voir dans cette mauvaise honte, la raison d’un silence dont j’étois surpris.

J’obtins du général Conway qu’il ne prendroit aucune résolution relativement à cette affaire, & j’écrivis à M. Rousseau, une lettre pleine d’amitié, dans laquelle je l’exhortai à reprendre sa première, façon de penser & à accepter la pension.

Quant à l’accablement profond dont M. Rousseau se plaint dans sa lettre au général Conway, & qui lui ôtoit, disoit-il jusqu’à la liberté de son esprit, je fus rassuré à cet égard par une lettre de M. Davenport, qui me marquoit que précisément dans ce tems-là son hôte étoit très-content, très-gai