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sa signature, comme si vous l’aviez vue écrite de sa main. Je vous apprends, Monsieur, que cette lettre a été fabriquée à Paris, & ce qui navre & déchire mon cœur, que l’imposteur a des complices en Angleterre."

"Vous devez au Roi de Prusse, à la vérité, à moi d’imprimer la lettre que je vous écris & que je signe, en répartition d’une fauteque vous vous reprocheriez sans doute, si vous saviez de quelles noirceurs vous vous rendez l’instrument. Je vous fais, Monsieur, mes sinceres salutations."

J. J. R.

Je fus affligé de voir M. Rousseau montrer cet excès de sensibilité pour un incident aussi simple & aussi inévitable que la publication de la prétendue lettre du Roi de Prusse ; mais je me serois cru coupable moi-même de noirceur & de méchanceté, si j’avois imaginé que M. Rousseau me soupçonnoit d’être l’Editeur de cette plaisanterie, & que c’étoit contre moi qu’il se disposoit à tourner toute sa fureur. C’est cependant ce qu’il m’a appris depuis. Il est bon de remarquer que huit jours auparavant il m’avoir écrit la lettre la plus affectueuse :*

[*Page 999.] c’est celle du 29 mars. J’étois assurément le dernier homme du monde qui, dans les regles du sens commun, devoit être soupçonné ; cependant, sans la plus légere preuve, sans la moindre probabilité, c’est moi que non-seulement M. Rousseau soupçonne, mais qu’il accuse sans hésiter, d’avoir fait imprimer la satire dont il se plaint ; &,