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à l’Auteur, qui effaça les injures en rougissant &en admirant la force de l’esprit polémique qui l’avoit aemporté, sans qu’il s’en apperçût, au-delà des bornes de l’honnêteté.

Avec des dispositions si pacifiques, ce n’est qu’avec uneextrême répugnance que M. Hume a pu consente à laisser paroître l’écrit qu’on va lire. Il fait que les querelles des gens de Lettres sont le scandale de la philosophie,& personne n’étoit moins fait que lui pour donner un pareilscandale, si consolant pour les sots ; mais les constances l’ont entraîné malgré lui à cet éclat fâcheux.

Tout le monde fait que M. Rousseau, proscrit de tous les lieux qu’il avoit habités, s’étoit enfin déterminé à se réfugier en Angleterre, & que M. Hume, touche de sa situation & de ses malheurs, s’étoit chargé de l’y conduire, &étoit parvenu à lui procurer un asyle sur, commode & tranquille. Mais peu de gens savent combien de chaleur, d’activité, de délicatesse même M. Hume a mis dans cet acte de bienfaisance ;quel tendre attachement il avoit pris pour ce nouvel ami, que l’humanité lui avoit donné ; avec quelle adresse il cherchoit à prévenir ses besoins, sans blesser son amour - propre ; avec quel zele enfin il s’occupoit à justifier aux yeux des autres les singularités de M. Rousseau, & à défendre son