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TROISIEME LETTRE RELATIVE À M. ROUSSEAU

Du 19 Septembre, servent de Post-scriptum à celle du 31 Août 1765.

Je n’avois pas tort, Mylord, de vous marquer en achevant ma derniere lettre, qu’il étoit difficile de prévoir comment finiroit cette affaire. Qui pouvoit croire en effet que les pieux défenseurs de la sainte orthodoxie deviendroient ouvertement des coupe-jarrets ; que l’Auteur d’un livre pour n’avoir pas été excommunié, risqueroit d’être assassiné ; & que ce seroit un tans de jeûne & de communion qu’on choisiroit pour une si bonne œuvre ?

La fermentation parmi le peuple s’étoit bornée à des murmures, à des visions, à des huées, ou à des attentats faits avec plus de méchanceté que de violence. Mais le dimanche premier septembre on en vint aux voies de fait ; après s’être préparé par la communion du matin à sanctifier la journée, on la termina en lançant des pierres dans les fenêtres de M. Rousseau. Le lendemain & les jours suivans ce furent de nouveaux outrages ; si M. Rousseau passoit dans la rue il étoit hué injurié, poursuivi par la populace ; s’il se promenoit dans