Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

la multiplicité des préceptes qu’on pourra parvenir à lui en inspirer des principes solides qui servent de réglé à sa conduite pour le reste de sa vie. Excepté les élémens à la portée de son âge, on doit moins songer à fatiguer sa mémoire d’un détail de loix & de devoirs, qu’à disposer son esprit & son cœur à les connoître & à les goûter, à mesure que l’occasion se présentera de les lui développer ; & c’est par-là même que ces préparatifs sont tout-à-fait à la portée de son âge & de son esprit, parce qu’ils ne renferment que des sujets curieux & intéressans sur le commerce civil, sur les arts & les métiers, & sur la maniere variée dont la Providence a rendu tous les hommes utiles & nécessaires les uns aux autres. Ces sujets qui sont plutôt des matieres de conversations & de promenades que d’études réglées, auront encore divers avantages dont l’effet me paroît infaillible.

Premiérement ; n’affectant point désagréablement son esprit par des idées de contrainte & d’étude réglée, & n’exigeant pas de lui une attention pénible & continue, ils n’auront rien de nuisible à sa santé. En second lieu, ils accoutumeront à bonne heure son esprit à la réflexion & à considérer les choses par leurs suites & par leurs effets. 3°. Ils le rendront curieux & lui inspireront du goût pour les sciences naturelles.

Je devrois ici aller au-devant d’une impression qu’on pourroit recevoir de mon projet, en s’imaginant que je ne cherche qu’a m’égayer moi-même & à me débarrasser de ce que les leçons ont de sec & d’ennuyeux, pour me procurer une occupation plus agréable. Je ne crois pas, Monsieur, qu’il puisse vous tomber dans l’esprit de penser ainsi sur mon compte.