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se tiendra derriere le rideau, les calomniateurs sont lâches, celui qui est capable d’inventer une calomnie est capable de faire ce qu’il prête gratuitement aux autres.

Je n’ai rien de personnel contre M. Rousseau : je le plains autant & plus encore dans ses erreurs, que dans ses infirmités. Si on lui a mis dans l’esprit que je lui voulois du mal, l’on me fait bien tort : je n’en veux à personne, pas même à l’anonyme, qui a cherché à me maltraiter & à me flétrir. Si j’ai tancé un peu vivement cet anonyme, c’est une correction que j’ai cru lui être nécessaire.

Quel malheur, Monsieur, que M. Rousseau se soit obstiné à écrire sur des matieres de religion, contre ses promesses ! Si ce beau & rare génie avoit travaillé sur d’autres sujets, que de riches présens n’auroit-il pas fait à la Société !

J’ose le dire, Monsieur, M. Rousseau n’a point eu d’ennemis dans toute cette affaire, que ceux qui se sont déclarés ses amis. S’il eût agi par lui-même, & non pas selon leurs conseils, je ne doute pas qu’il n’eût paru en consistoire, & vraisemblablement qu’il n’eût satisfait à ce qu’on requéroit de lui : ce qui auroit été pour moi le sujet d’une parfaite joie, & alors tout étoit fini sans inquiétudes, sans tracasseries, & sans cette chaîne de disgraces, page 153, si M. Rousseau peut appeller ainsi des maux qu’il se procure si volontairement, & qui malheureusement donnent lieu à la calomnie, & rejaillissent sur des innocens.

Que M. Rousseau se persuade qu’en me conformant aux ordres de mes supérieurs, j’ai suivi en même tans les mouvemens de ma conscience, mon devoir, & l’état de ma vocation.