Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand vous demanderez des directions, je vous prie d’ex poser les faits fidellement, parce qu’une direction ne peu être donnée que sur l’exposition des faits. Je crois que vous ne trouverez pas mauvais que je vous donne ce petit avertissement comme votre pasteur & votre chef ; auquel avertissement j’en joins un autre très-utile, qui consiste à ne pas vous énorgueillir des éloges pompeux que vous donne l’anonyme dans son délire. Vous n’ignorez pas combien le peuple en a ri, en particulier vos compatriotes ; mais il vaut mieux tirer le rideau sur cette scene, qui assurément ne vous honore pas.*

[*Il est bon d’observer qu’un des anciens qui a ligné dans la requête, assista au consistoire du 24 mars 1765. Mais il ne parut point au consistoire subséquent du 29, sans doute il en avoit ses raisons ; mais comment pouvoit-il ligner le contenu d’une requête, renfermant des objets qu’il ne pouvoir attester ? Je vous laisse le soin de qualifier une telle conduite.

Si je n’étois retenu par des raisons de prudence, j’aurois bien des choses dire sur les menées de Motiers & Boveresse, dont l’anonyme auroit dû parler, s’il avoit eu de la bonne foi. Je sais bien des choses là dessus que je veux supprimer ; le tems viendra peut-être où toutes ces manœuvres se dévoileront, car la vérité ne perd jamais ses droits.]

Je n’ai pu voir qu’avec une peine infinie, qu’il y ait eu de l’humeur contre M. Imer diacre du Val-de-Travers, en sa qualité de diacre, à qui je me fais gloire de rendre la justice que c’est non -seulement un honnête homme, un homme de bien, & de plus un digne & fidele Ministre du St. Evangile, qui remplit avec assiduité, avec zele, & avec exactitude toutes les fonctions auxquelles il est tenu.*

[*Sur la note de l’Auteur pag. 148 & 149, il voudra bien que je le redresse. Je ne sais s’il existoit en 1724, où il fut question de régler les fonctions du Diacre, sous l’autorité du baron de Strunkendé, Plénipotentiaire du Roi. Boveresse ne parut point par ses députés ; il n’y eut que Motiers, & il n’étoit point question des autres communautés du Val-de-Travers. Boveresse prétendit, il y a quelques années, que le Diacre leur devoir un catéchisme toutes les quinzaines ; mais la chose a été décidée par le Conseil d’Etat, il n’y a pas longtems, à la satisfaction de la vénérable Classe. Il n’est pas difficile de pénétrer les vues de l’anonyme qui réveille cette affaire terminée & bouclée : c’est une suite de son acharnement contre le Clergé. Ce Monsieur là se trompe, lorsqu’il assure avec confiance que les Pasteurs trouvent plus doux & plus commode de borner leur sollicitude pastorale à être exacts à l’échéance de leurs Prébendes, qu’à remplir leurs fonctions. Je ne vois pas qu’il y ait rien de fort attrayant pour eux à recevoir des prébendes, qui consistent pour l’ordinaire en assez mauvaises denrées, contre l’intention du Prince, bien connue des anciens & nouveaux Pasteurs.]