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une affaire, la voix du pasteur étoit prépondérante ;*

[*Ce qui fut confirmé par le plus vieux des Anciens, qui attesta que cela & avoit eu lieu plus d’une fois sous mon prédécesseur. Lui seul pouvoir dire ce qui en étoit, puisque tous les autres, excepté l’absent, ont été faits successivement Anciens depuis que je suis Pasteur ici. L’anonyme ne connoit pas la logique, ni la

façon de procéder. Il entend mieux le métier de faire des libelles, que l’art de raisonner. Un président quel qu’il soit, à la tête d’un corps, peut-il donc être envisagé faisant partie à ceux qui sont cités à paroître devant le corps ? Tous les délinquans seroient donc fondés à décliner de leurs juges, sous prétexte qu’ils sont leurs parties, & par ce moyen, il seroit aisé à chacun d’éluder une comparution & un jugement. L’anonyme, soit ignorance, ou malice de sa part, ne connaît pas nos constitutions. J’agissois comme Pasteur de l’église qui est commise à mes soins, comme chef du consistoire, & non comme représentant de la vénérable Classe, & sans doute que membre de ce corps, il m’étoit bien permis de prendre pour boussole sa direction, sans que l’on puisse inférer de-là que je voulusse contraindre en aucune maniere les Anciens à la suivre, bien moins de vouloir l’emporter per fas & nefas ; termes odieux, dont l’anonyme ose se servir à mon égard.] ce qui et bien loin de signifier double voix, comme l’anonyme le prétend malicieusement ; bref, ce sont les usages des consistoires de ce pays, & nous sommes dans un pays d’usages.

Le déclamateur anonyme parle contre la vérité en avançant, pag. 146, que je reprochai avec aigreur aux anciens, qui n’avoient pas été de mon avis, de n’avoir pas écouté la voix de leur conducteur spirituel. Observez, Monsieur, que je les laissai tous opiner tranquillement, & sans les interrompre :*

[*Il est vrai que l’homme de Dieu interrompit l’homme du Prince, à l’occasion d’un propos que tenoit ce dernier, sur un ouï-dire ; propos qui blessoit l’honneur du premier. En pareil cas, l’homme de Dieu, l’homme du Prince ne doivent pas se taire. L’homme du Prince avoir fait peu de tems auparavant le devoir de sa charge, sans acception de personne, dans une affaire connue de tout Motiers & des environs, & qui intéressoit M. Rousseau & sa gouvernante. Et pourquoi voudroit on mettre obstacle à ce que remplisse à mon tour le devoir de ma charge, dans une affaire bien autrement importante ? ] seulement, leur dis-je, sans fiel, après la levée de l’assemblée, j’aurois cru que m’ayant témoigné jusques’ici de la confiance, vous auriez écouté la voix de votre conducteur spirituel ; à quoi il ne me sut pas répondu un seul mot.