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Guyenet, une lettre qui fut remise à M. le diacre, le consistoire siégeant. J’avoue que je me trouvai sort embarrassé, parce qu’il n’est pas d’usage dans nos consistoires, de rien recevoir, ni par écrit, ni par procureur, & qu’il ne s’y instruit aucune procédure. L’on seroit repris par le Gouvernement si l’on faisoit autrement. Et pourquoi l’ignorant anonyme s’avise-t-il de me faire un crime d’avoir fait observer que cela n’étoit point conforme à nos usages ? Je demandai au consistoire son avis ; il fut arrêté qu’on ouvriroit la lettre, & qu’on la liroit, ce qu’on avoir cependant toujours refusé en d’autres occasions.

Alia tempora, alii mores. Autres tems, autres mœurs.

Que de petitesses dans le détail minucieux que fait l’anonyme sur mes mouvemens, gestes & propos ! p. 145. L’anonyme y étoit-il ? lui en a-t-on fait rapport ? Je ne puis me le persuader, car il déguise absolument les faits. Je parlai, je raisonnai suivant l’importance du sujet.

Qui a dit à l’homme du siecle, que si la déclaration de l’Auteur d’Emile en 1762 me parut suffisante pour l’admettre à la communion, je devois, quoi que fît M. Rousseau, quoi qu’il écrivît, continuer à l’admettre après la publication des Lettres de la Montagne ? Ces Lettres là, ne sont-elles pas de nouveaux faits, de nouveaux écrits ? Or un écrit public, répandu dans tout l’univers, n’est-il pas une action ? Toute action répréhensible, sur-tout dans les matières les plus saintes & les plus graves de la religion, n’est-elle pas un objet d’instruction, & de répréhension ?