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Il est faux, & absolument faux que la vénérable Classe prit en objet la lettre anonyme que l’Auteur rapporte dans son libelle page 132 & suivantes, & qui fut adressée à quelques membres, desquels j’étois. Quoiqu’à divers égards cette lettre fasse honneur à son Auteur, qui vraisemblablement craignoit, par l’attachement qu’il montre pour la compagnie, que le public ne lui imputât de vouloir gêner le consistoire de Motiers, la vénérable Classe, suivant la sagesse d’un Corps prudent & respectable, ne voulut point prendre cette lettre en considération, parce qu’elle étoit anonyme : elle n’y fut pas même lue ; quelques membres seulement, des mains desquels elle passoit dans d’autres, la lurent dans leur particulier.

Je joins ici, Monsieur, la copie de la direction qui me fut donnée par la compagnie, à laquelle elle travailla pendant que j’avois donné place, toujours suivant nos usages.*

[*Pour comprendre quels sont ces usages, il est bon de savoir que quand il s’agit d’une affaire qui intéresse un Pasteur, soit pour le temporel, soit pour le spirituel, soit son Eglise en général, soit un ou plusieurs de ses paroissiens, ce Pasteur est obligé de donner place, & n’assiste point à la délibération. Conséquemment je me retirai, s’agissant de M. Rousseau mon paroissien.]

“Monsieur le Doyen a exposé, que la compagnie étant aujourd’hui assemblée, pour délibérer sur la conduite qu’elle devroit tenir à l’égard de M. Rousseau, dont les sentimens antichrétiens, manifestés dans ses écrits, & notamment dans ses Lettres de la Montagne publiées depuis peu, donnent le plus grand scandale à toute l’église chrétienne, &