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cœur : oui, je dois avoir compris qu’il ne faut louer aucun homme d’église de son vivant. Oui, mon ami, je me suis dit aussi a moi-même, c’est dans l’amertume de mon cœur que je dois avoir compris, qu’il ne faut louer aucun auteur de son vivant, sur tout quand il se repose trop sur la célébrité.

Promettre de ne plus écrire, & écrire toujours & plus que jamais sur la religion, sont des inconséquence, sont des problêmes, dont j’avoue ingénument ne pouvoir trouver la solution. L’anonyme, plus ingénieux, plus habile, & plus heureux que moi, pourra peut-être un jour nous la donner. J’ai l’honneur d’être plus que personne.

À Motiers-Travers, ce 13 Juin 1765.

LETTRE III.

Je continue ma narration, Monsieur, car ce détail ne doit être qu’historique, & ce seroit abuser de votre patience, & de celle du public, si je voulois trop faire le raisonneur ; ce sont des faits, & des faits qui parlent d’eux-mêmes.

Vous vous rappellerez, Monsieur, que dans ma derniere j’ai laissé M. Rousseau bien tranquille, parce que lui-même se procuroit cette tranquillité. Dans le tans que je m’endormois dans cette douce pensée, que j’étois persuadé que M. Rousseau ne songeoit qu’à vivre en repos, & à ne plus écrire