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Secondement de s’élever, non pas précisément directement, contre l’ouvrage infernal de l’Esprit, qui, suivant le principe détestable de son Auteur, prétend que sentir & juger sont une seule & même chose, *

[*Addition faite & écrite par M. Rousseau] ce qui est évidemment établir le matérialisme.

Troisémement de foudroyer plusieurs de nos nouveaux philosophes, qui vains & présomptueux sapent par les fondemens, & la religion naturelle, & la religion révélée.

Vous comprenez, Monsieur & très-honoré frère, qu’il y avoit matière à répondre amplement à M. Rousseau ; ce que je fis aussi en lui disant franchement, que ses lecteurs n’avoient point compris son but ; qu’il paroissoit même visiblement, qu’il rendent tout douteux, & qu’il jettoit du ridicule sur la religion, tant par la maniere de s’énoncer, que par la méthode qu’il avoit employée. À quoi il me répondit, qu’il admettoit & croyoit tout ce qu’il y a d’essentiel dans la religion, & que tout ministre doit regarder comme essentiel.*

[*Idem.] Que loin de jetter du ridicule sur la religion, il n’en avoit parlé qu’avec le plus profond respect, quoiqu’il eût mis aux prises deux adversaires, dont en imitant leur ton qu’il blâme, il en faisoit parler un avec moins de respect. Qu’il m’avouoit ingénument qu’il avoit certains doutes, qui étoient plus forts que lui, & dont il n’étoit pas le mâitre ; cependant il penchoit toujours du côté le plus sûr, & reconnu comme le plus sûr ; qu’il ne demanderoit pas mieux que d’être éclairci sur ses doutes. Il me déclara encore, que si l’on croyoit qu’il étoit pour l’indifférence des