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manque à la modération d’un enfant. 4°. Que si le maître croit avoir quelque raison de s’opposer à quelque cadeau qu’on voudroit faire à son éleve, refuser absolument de le lui accorder, jusqu’à ce qu’il ait trouvé le moyen de fléchir son précepteur. Au reste, il ne sera point du tout nécessaire d’expliquer au jeune enfant dans l’occasion qu’on lui accorde quelque faveur précisément parce qu’il a bien fait son devoir ; mais il vaut mieux qu’il conçoive que les plaisirs & les douceurs sont les suites naturelles de la sagesse & de la bonne conduite, que s’il les regardoit comme des récompenses arbitraires qui peuvent dépendre du caprice, & qui dans le fond ne doivent jamais être proposées pour l’objet, & le prix de l’étude & de la vertu.

Voilà tout au moins, Monsieur, les droits que vous devez m’accorder sur M. votre fils, si vous souhaitez de lui donner une heureuse éducation, & qui réponde aux belles qualités qu’il montre à bien des égards, mais qui actuellement sont offusquées par beaucoup de mauvais plis qui demandent d’être corrigés à bonne heure, & avant que le tems ait rendu la chose impossible. Cela est si vrai, qu’il s’en faudra beaucoup, par exemple, que tant de précautions ne soient nécessaires envers M. de Condillac, il a autant besoin d’être poussé que l’autre d’être retenu, & je saurai bien prendre de moi-même, tout l’ascendant dont j’aurai besoin sur lui : mais pour M. de Ste. Marie, c’est un coup de partie pour son éducation, que de lui donner une bride qu’il sente & qui soit capable de le retenir & dans l’état où sont les choses, les sentimens que vous souhaitez, Monsieur, qu’il ait sur mon compte, dépendent beaucoup plus de vous que de moi-même.