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je n’ai rempli qu’à regret un devoir si triste, & j’ai regardé cette cruelle nécessité, comme un nouveau malheur pour moi. Maintenant, Monsieur, que graces au ciel, j’en suis quitte, je m’impose la loi de me taire ; & pour mon repos & pour celui de l’Etat où j’ai le bonheur de vivre, je m’engage librement, tant que j’aurai le même avantage, à ne plus traiter aucune matiere qui puisse y déplaire, ni dans aucun des Etats voisins. Je ferai plus, je rentre avec plaisir dans l’obscurité, où j’aurois dû toujours vivre, & j’espere sur aucun sujet ne plus occuper le public de moi. Je voudrois de tout mon cœur offrir à ma nouvelle patrie un tribut plus digne d’elle ; je lui sacrifie un bien très-peu regrettable, & je préfére infiniment au vain bruit du monde, l’amitié de ses membres, & la saveur de ses chefs."

"Recevez, Monsieur, je vous supplie, mes très-humbles salutations.”

Signé J. J. ROUSSEAU.

J’ai l’honneur, &c. &c.

Neufchâtel 14 Avril 1765.