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"À ce premier article, nous avouons ingénument notre peu de suffisance pour la Théologie, estimant que l’on ne peut raisonnablement en exiger de nous, ayant toujours cru que le devoir de notre charge étoit borné à simplement délater & réprimer les déréglemens scandaleux, & l’irrégularité des mœurs, sans vouloir empiéter sur l’Autorité Souveraine de qui nous dépendons."*

[* Ô bonnes gens, vrais Helvétiens ! vous n’avez donc pas encore appris à faire céder en toute sureté de conscience vos devoirs de sujets à un peu de complaisance pour vos conducteurs spirituels ?]

"2°. Si un Pasteur peut & doit avoir deux voix délibératives dans son consistoire ?"

"Sur ce second chef, le consistoire de Motiers & Boveresse est composé de six anciens, ayant M. son Pasteur pour président ; & cette maxime une fois introduite, les anciens ne serviroient dans les délibérations que d’ombres,*

[*Et c’est précisément ce que l’on veut que vous soyez, tant que vous vous mêlerez d’avoir un sentiment à vous.] à moins de l’unanimité entr’eux."

"Et enfin si M. le Diacre du Val-de-Travers a droit de séance & de voix délibérative dans le consistoire de Motiers & Boveresse ?"

"À ce dernier article, il nous paroît que si Monsieur le Diacre veut se prêter à la correction, il doit aussi s’employer à l’instruction & à l’édification, & que Messieurs les Pasteurs ne doivent point lui empêcher de faire les catéchismes qu’il doit légitimement à la chapelle de Boveresse." *

[*Pour entendre ceci, il faut savoir que sur la demande des Pasteurs, les communautés du Val-de-Travers qui avoient une fondation pour un Régent d’École, consentirent à supprimer cette place, & en transmettre la pension à celle d’un Diacre chargé de soulager le Clergé dans ses fonctions. Ceux de Boveresse réserverent que le Diacre viendroit tous les quinze jours faire un catéchisme dans leur Chapelle, afin que leurs enfans ne restassent point privés de toute instruction. Ce qui fut convenu & accordé. Hélas ! depuis dix ans, les pauvres gens plaident pour leur catéchisme & pour leur Chapelle délaissée. On les laisse crier, & bien différens des Pasteurs de la primitive Eglise, qui bravant les croix & les bûchers, couroient gratis solliciter les peuples à recevoir leurs instructions, les nôtres, mieux avisés, trouvent plus doux & plus commode de borner leur sollicitude pastorale à être exacts à l’échéance de la Prébende. On doit pourtant cet aveu à la vérité, c’est que la Prébende en question est un objet très-minime, & ne sauroit payer à sa valeur une chose aussi précieuse que l’instruction dont elle est le salaire. ]