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suspecte, que l’on n’exigeoit de moi, dans le pays où j’ai vécu, que de garder le silence, & laisser quelque doute à cet égard, pour jouir des avantages civils dont j’étois exclu par ma religion ; je suis attaché de bonne foi à cette religion véritable & sainte, & je le serai jusqu’à mon dernier soupir, je desire d’être toujours uni extérieurement à l’église, comme je le suis dans le fond de mon cœur ; & quelque consolant qu’il soit pour moi de participer à la communion des fideles, je le desire je vous proteste, autant pour leur édification que pour mon propre avantage, car il n’est pas bon que l’on pense qu’un homme de bonne foi qui raisonne, ne peut être un membre de Jésus-Christ." *

[*Il ne tiendra pourtant pas au Clergé Chrétien que l’on pense comme cela.]

"J’irai, Monsieur, recevoir de vous une réponse verbale, & vous consulter sur la maniere dont je dois me conduire en cette occasion, pour ne donner ni surprise au Pasteur que j’honore, ni scandale au troupeau que je voudrois édifier."

Après bien des difficultés de la part du Pasteur pour la réception de ces deux écrits, l’officier du Prince l’emporta, & obtint que lecture en fût faite. M. de M * * *. contre l’ordre naturel des choses, débuta par la déclaration ; lecture qu’il accompagna de fréquens mouvemens d’épaule, ou qu’il coupa par différens commentaires, tous fort expressifs, fort édifians, mais très-singuliers dans un Pasteur qui, depuis deux ans demi, trouvoit cette même déclaration suffisante pour en admettre l’auteur à sa communion.