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mais le Magistrat municipal proscrivit l’ouvrage en question. Le héraut chargé de cette fonction publique s’en acquitta au mieux, en annonçant ces lettres prohibées comme attaquant tout ce qu’il y a de plus repréhensible dans notre sainte religion. Que dites-vous, Monsieur, de cette méprise ? convenez qu’elle ne pouvoit être plus heureusement bête.

Cependant la vénérable Classe s’ajourna au 13 Mars pour juger l’Auteur, qui bien informé de la fermentation que ce corps pouvoit occasionner dans l’Etat, crut en bon citoyen devoir conjurer l’orage, & remit à M. le Professeur de M***. son Pasteur, l’Ecrit suivant, pour être communique à la vénérable Classe.

“Par déférence pour M. le Professeur de M***. mon Pasteur, & par respect pour la vénérable Classe, j’offre, *

[*Cette offre connue de notre public, seulement depuis 15 jours, a fait revenir beaucoup d’honnêtes-gens de la prévention qu’on étoit parvenu à leur inspirer contre M. Rousseau. Et ce fait explique allez naturellement la raison du silence mystérieux gardé jusqu’alors sur cette déclaration] si on l’agrée, de m’engager, par un Ecrit signé de ma main, à ne jamais publier aucun nouvel ouvrage sur aucune matiere de religion, même de n’en jamais traiter incidemment dans aucun nouvel ouvrage que je pourrois publier sur tout autre sujet ; & de plus, je continuerai à témoigner par mes sentimens & par ma conduite, tout le pris, mets au bonheur d’être uni à l’Eglise."

"Je prie M. le Professeur de communiquer cette déclaration à la vénérable Claire. Fait à Motiers le 10 Mars 1765.”

Signé J. J. ROUSSEAU.