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une infernale, analysant ainsi l’Evangile. Eh ! qui l’a jamais ainsi analysé ? Où est cette ame infernale ? *

[*Il paroît que l’auteur de cette piece pourroit mieux répondre que personne & sa question. Je prie le lecture de ne pas manquer de consulter, dans l’endroit qu’il cite, ce qui précede & ce qui suit.] La Métrie, dans son homme machine, dit qu’il a connu un dangereux athée, dont il rapporte les raisonnemens sans les réfuter : on voit assez qui étoit cet athée ; il n’est pas permis assurément d’étaler de tels poisons sans présenter l’antidote.

Il est vrai que Rousseau, dans cet endroit même, se compare à Jésus-Christ avec la même humilité qu’il a dit que nous devions lui dresser une statue. On sait que cette comparaison est un des accès de sa folie. Mais une folie qui blasphême à ce point, peut-elle avoir d’autre médecin que la même main qui a fait justice de ses autres scandales ?

S’il a cru préparer, dans son style obscur, une excuse à ses blasphêmes, en les attribuant à un délateur imaginaire, il n’en peut avoir aucune pour la maniere dont il parle des miracles de notre Sauveur. Il dit nettement, sous son propre nom : (Page 98.) II y a des miracles, dans l’Evangile, qu’il n’est pas possible de prendre au pied de la lettre sans renoncer au bon sens ; il tourne en ridicule tous les prodiges que Jésus daigna opérer pour établir la religion.

Nous avouons encore ici la démence qu’il a de se dire chrétien quand il sape le premier fondement du christianisme ; mais cette folie ne le rend que plus criminel. Etre chrétien, & vouloir détruire le christianisme, n’est pas seulement d’un blasphémateur, mais d’un traître.