Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

uniquement dévoués à l’instruction des jeunes gens, à qui ils inculquent sans cessé les principes de l’honneur, de la probité & du Christianisme ? La science, les mœurs, la religion, voilà les objets que s’est toujours proposé l’Université de Paris, conformément aux réglemens qui lui ont été donnés par les Rois de France. Dans tous les établissemens faits pour l’éducation des jeunes gens, on emploie tous les moyens possibles pour leur inspirer l’amour de la vertu & l’horreur du vice, pour en former d’excellens citoyens ; on met continuellement sous leurs yeux les maximes & les exemples des grands hommes de l’antiquité. L’histoire sacrée & profane leur donne des leçons soutenues par les faits & l’expérience, & forme dans leur esprit une impression qu’on attendroit en vain de l’aridité des préceptes. Comment les Sciences pourroient-elles nuire aux qualités morales ? Un de leurs premiers effets est de retirer de l’oisiveté, & par conséquent du jeu & de la débauche qui en sont les suites. Séneque, que M. Rousseau cite pour appuyer son sentiment, convient que les Belles-Lettres préparent à la vertu. (Senec. Epist. 88.)

Que veulent dire ces traits satyriques lancés contre notre siècle ? Que l’effet le plus évident de toues nos études est l’avilissement des vertus ; qu’on ne demande plus d’un homme s’il a de la probité, mais s’il a des talens ; que la vertu reste sans honneur ; qu’il y a mille prix pour les beaux discours, aucuns pour les belles actions. Comment peut-on ignorer qu’un homme qui passe pour manquer de probité est méprisé universellement ? La punition du vice n’est-elle pas déjà la premiere récompense de la vertu ? L’estime, l’amitié de ses concitoyens,