Convenez que vous auriez pu vous dispenser de parler de l’origine des Sciences, & que vous n’avez point prouvé que leurs objets sont vains. Comment l’auriez-vous pu faire, puisque tout ce qui nous environne nous parle en faveur des Sciences & des Arts ? Habillemens, meubles, bâtimens, bibliothéques, productions des pays étrangers dues à la Navigation dirigée par l’Astronomie. Là, les Arts méchaniques mettent nos biens en valeur ; les progrès de l’Anatomie assurent ceux de la Chirurgie ; la Chymie, la Botanique nous préparent des remedes ; les Arts libéraux, des plaisirs instructifs : ils s’occupent à transmettre à la postérité le souvenir des belles actions, & immortalisent les grands hommes & notre reconnoissance pour les services qu’ils nous ont rendus. Ici, la Géométrie, appuyée de l’Algebre, préside à la plupart des Sciences ; elle donne des leçons à l’Astronomie, à la Navigation, à l’Artillerie, à la Physique. Quoi ! tous ces objets sont vains ? Oui, & selon M. Rousseau, tous ceux qui s’en occupent sont des citoyens inutiles ; & il conclut que tout citoyen inutile peut être regardé comme pernicieux. Que dis- je ? selon lui, nous ne sommes pas même des citoyens. Voici ses propres paroles : nous avons des Physiciens, des Géométrie, des Chymistes, des Astronomes, des Poetes, des Musiciens, des Peintres, nous n’avons plus de citoyens ; ou s’il nous en reste encore, dispersés dans nos campagnes abandonnées, ils périssent indigens & méprisés. Ainsi, Messieurs, cessez donc de vous regarder comme des citoyens. Quoique vous consacriez vos jours au service de la société, quoique vous remplissiez dignement les emplois où vos talens vous ont appellés,
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