Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/449

Cette page n’a pas encore été corrigée

parmi tous les papiers de feu M. de Bernex, le discours qu’il prononça en cette occasion, & qui,au témoignage de tous ceux qui l’entendirent, est un chef-d’œuvre d’éloquence : & il y a lieu de croire, que, quelque beau qu’il soit, il a été composé sur le champ, & sans préparation.

Depuis ce jour-là M. de Bernex n’appella plus Madame de Warens que sa fille, & elle l’appelloit son pere. Il a en effet toujours conservé pour elle les bontés d’un pere ; & il ne faut pas s’étonner qu’il regardât, avec une sorte de complaisance, l’ouvrage de ses soins apostoliques, puisque cette dame s’est toujours efforcée de suivre, d’aussi près qu’il lui a été possible, les saints exemples de ce prélat, soit dans son détachement des choses mondaines, soit dans son extrême charité envers les pauvres ; deux vertus qui définissent parfaitement le caractere de Madame de Warens.

Le fait suivant peut entrer aussi parmi les preuves, qui constatent les actions miraculeuses de M. de Bernex.

Au mois de septembre 1729, Madame de Warens, demeurant dans la maison de M. de Boige, le feu prit au four des cordeliers, qui donnoit dans la cour de cette maison, avec telle violence que ce four, qui contenoit un bâtiment assez grand, entiérement plein de fascines & de bois sec, fut bientôt embrase. Le feu, porté par un vent impétueux s’attacha au toît de la maison, & pénétra même par les fenêtres dans les appartemens : Madame de Warens donna aussitôt ses ordres pour arrêter les progrès du feu, & pour faire transporter ses meubles dans son jardin. Elle étoit occupée à ces soins, quand elle apprit que M. L’Evêque étoit accouru