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examens publics ; & tous les Corps de métiers ont aussi leurs réglemens, leurs apprentissages, & leurs chefs-d’œuvre.

La bibliothéque publique est bien assortie ; elle contient vingt-six mille volumes, & un assez grand nombre de manuscrits. On prête ces livres à tous les citoyens, ainsi chacun lit & s’éclaire : aussi le peuple est-il beaucoup plus instruit à Geneve que par-tout ailleurs. On ne s’apperçoit pas que ce soit un mal, comme on prétend que c’en seroit un parmi nous. Peut-être les Genevois & nos Politiques ont-ils également raison.

Après l’Angleterre, Geneve a reçu la premiere l’inoculation de la petite vérole, qui a tant de peine à s’établir en France, & qui pourtant s’y établira, quoique plusieurs de nos Médecins la combattent encore, comme leurs prédécesseurs ont combattu la circulation du sang, l’émétique, & tant d’autre ; vérités incontestables ou de pratiques utiles.

Toutes les Sciences & presque tous les Arts ont été si bien cultivés à Geneve, qu’on seroit surpris de voir la liste des savans & des artistes en tout genre que cette ville a produit depuis deux siecles. Elle a eu même quelquefois l’avantage de posséder des étrangers célebres, que sa situation agréable, & la liberté dont on y jouit, ont engagé à s’y retire. M. de Voltaire, qui depuis quatre ans y a établi son séjour, retrouve chez ces Républicains les mêmes marques d’estimé & considération qu’il a reçues Monarques.

La fabrique qui fleurit le plus à Geneve, est celle des l’horlogerie : elle occupe plus ce cinq mille personnes, c’est-à-dire plus de la cinquieme partie des citoyens. Les autres Arts n’y sont pas négligés, entr’autres, l’agriculture ; on remédie