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magasins sont bien fournis ; chaque citoyen y est soldat comme en Suisse & dans l’ancienne Rome. On permet aux Genevois de servir dans les troupes étrangeres ; mais l’état ne fournit à aucune puissance des compagnies avouées, & ne souffre dans son territoire aucun enrôlement.

Quoique la ville soit riche, l’état est pauvre par la répugnance que témoigne le peuple pour les nouveaux impôts, même les moins onéreux. Le revenu de l’état ne va pas à cinq cents mille livres monnoie de France ; mais l’économe admirable avec laquelle il est administré, suffit à tout, & produit même des sommes en réserve pour les besoins extraordinaires.

On distingue dans Geneve quatre ordres de personnes ; les Citoyens qui sont fils de Bourgeois & nés dans la ville ; eux seuls peuvent parvenir à la Magistrature : les Bourgeois qui sont fils de Bourgeois ou de Citoyens, mais nés en pays étranger, ou qui étant étrangers ont acquis le droit du Bourgeoisie que le Magistrat peut conférer, ils peuvent être du Conseil-Général, & même du Grand-Conseil appellé des Deux-cents. Les Habitans sont des étrangers, qui ont permission du Magistrat de demeurer dans la ville, & qui n’y sont rien autre chose. Enfin les Natifs sont les fils des habitant ; ils ont quelques privileges de plus que leurs peres, mais ils sont exclus du Gouvernement.

À la tête de la République sont quatre Syndics, qui ne peuvent l’être qu’un an, & ne le redevenir qu’après quatre ans. Aux Syndics est joint le Petit-Conseil, composé de vingt Conseillers, d’un Trésorier & de deux Secrétaires d’état, & un autre Corps qu’on appelle de la Justice. Les affaires journalieres