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XXI. La mauvaise foi de l’Auteur d’EMILE, n’est pas moins révoltante dans le langage qu’il fait tenir à un catholique prétendu. Nos catholiques, lui fait-il dire, font grand bruit de l’autorité de l’Eglise ; mais que gagnent-ils à cela ? S’il leur faut un aussi grand appareil de preuves pour établir cette autorité, qu’aux autres sectes pour établir directement leur doctrine. L’Eglise décide que l’Eglise a droit de décider : ne voilà-t-il pas une autorité bien prouvée ? Qui ne croiroit, M. T. C. F., à entendre cet imposteur, que l’autorité de l’Eglise n’est prouvée que par ses propres décisions, & qu’elle procede ainsi : Je décide que je suis infaillible,donc je le suis : imputation calomnieuse, M. T. C. F. La constitution du christianisme, l’esprit de l’Evangile, les erreurs même & la foiblesse de l’esprit humain, tendent à démontrer que I’Eglise, établie par Jésus-Christ, est une Eglise infaillible. Nous assurons que, comme ce divin Législateur a toujours enseigné la vérité, son Eglise l’enseigne aussi toujours. Nous prouvons donc l’autorité de l’Eglise, non par l’autorité de l’Eglise, mais par celle de Jésus-Christ, procédé non moins exact, que celui qu’on nous reproche est ridicule & insensé.

XXII. Ce n’est pas d’aujourd’hui, M. T. C. F., que l’esprit d’irréligion est un esprit d’indépendance & de révolte. Et comment, en effet, ces hommes audacieux, qui refusent de se soumettre à l’autorité de Dieu même, respecteraient-ils celle des Rois qui sont les images de Dieu, ou celle des Magistrats qui sont les images des Rois ? Songe, dit l’Auteur d’EMILE à son Eleve, qu’elle (l’espece humaine) est composée essentiellement de la collection des peuples ; que quand tous les Rois...