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dit la raison dans la Critique. Si l’Orateur n’est pas heureux dans les conséquences qu’il tire des faits posés pour principes, c’est, sans doute, la faute des faits & non pas la sienne ; pourquoi ne renferment-ils pas les conclusions qu’il en veut déduire ?

Il me reproche de m’être contenté dans la seconde partie de mon Discours, de dire non, par-tout où il a dit oui. J’avoue que j’ai eu tort de n’avoir pas mérité le reproche qu’il me fait. Jettons un coup-d’œil sur ce qu’il appelle ses preuves. Après avoir assigné une fausse origine aux Sciences & aux Arts, il conclut qu’ils la doivent à nos vices. C’est avec la même forcé de raisonnement qu’il prouve que les Sciences sont vaines dans l’objet qu’elles se proposent. Pour montrer qu’elles sont dangereuses par les effets qu’elles produisent, il dit que la perte irréparable du tems est le premier préjudice qu’elles causent nécessairement à la Société. C’est supposer que les Sciences lui sont inutiles. Selon lui, tandis qu’elles se perfectionnent le courage s’énerve ; & il loue la bravoure des François. Il souhaiteroit que nos Troupes eussent plus de forcé & de vigueur, je le souhaite comme lui. On peut les accoutumer aux travaux pénibles, à supporter la rigueur des saisons, sans que les Belles-Lettres, les Sciences & les Arts en souffrent aucunement. Si la culture des Sciences est nuisible aux qualités guerrieres, elle l’est encore plus aux qualités morales : en voici la preuve : c’est dès nos premieres années qu’une éducation insensée orne notre esprit & corrompt notre jugement. Voilà le précis des preuves de M. Rousseau. On voit donc que j’aurois été fondé à dire simplement non,