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j’ai faite de son discours. Il y a quatre ou cinq mois que j’ai entendu parler de cette réponse, qui a, dit-on, cinq ou six pages. Je ne l’ai point encore vue, & je ne pense pas qu’il soit nécessaire que je la voye.

Si M. Rousseau me chicane, comme Messieurs de Dijon, sur mon déguisement, je viens de répliquer à sa réponse ; s’il est question du fond de notre dispute, mon illustre adversaire a donne assez de preuves de la fécondité de son génie à soutenir des propositions fausses, pour deviner aisément qu’il ne restera jamais court, quelque démontré que soit son tort. Le seul sentiment que m’inspire son obstination, est de gémir sur cette fécondité fatale, sur cet abus manifeste des talens, des Sciences & des Arts, qui, indépendamment de l’injure qu’il fait à la vérité, du découragement qu’il peut causer aux amateurs, & de l’obstacle qu’il peut apporter aux progrès des Lettres, ne produit à son Auteur même d’autre avantage, sinon, dit le grand Descartes, que peut-être il en tirera d’autant plus de vanité, que ses spéculations seront plus éloignées du sens commun, à cause qu’il aura dû employer plus d’esprit & d’artifice à tâcher de les rendre vraisemblables. Le Citoyen de Geneve a cultive les Lettres avec tant de distinction, que nous avons lieu d’espérer qu’elles lui auront élevé l’ame au-dessus de cette foiblesse. Malgré cette fécondité de M. Rousseau, on ne voit cependant paroître de lui que ces premieres raisons tournées à différentes façons, ainsi qu’il l’avoue dans cette réponse au discours de Lyon qu’il annonçoit comme la derniere. Je suis donc persuadé qu’il n’y a pas une des raisons employées dans