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la liberté des problêmes, la seule voie propre à éclaircir la vérité ; il a eu assez de courage pour en soutenir le parti, & l’Académie (de Dijon) a eu assez de bonne foi pour la couronner. Cela est clair ; ce n’est donc point l’éloquence du discours qu’on a couronnée, c’est la proposition que l’Académie de Dijon regarde comme une vérité. Ainsi cette Académie pense que le rétablissement des Sciences & des Arts a contribué à corrompre les mœurs. Que répondroit-elle maintenant à son Souverain, s’il lui disoit. "Vous m’avez trompé dans les représentations que vous m’avez faites pour me déterminer à vous établir ; vous ne m’avez montré que des utilités dans ce projet ; vous m’avez dissimulé qu’il détruisoit le plus précieux de tous les avantages que je puisse procurer à tous mes sujets, la probité, la pureté des mœurs. Je n’ai garde de souffrir dans mes états une Société qui est persuadée elle-même que l’objet de ses travaux est la perversion des mœurs, & qui en fait une profession publique. De ore tuo te judico, &c. Rentrez donc dans le néant que méritent, selon vous-mêmes, les Arts que vous exercez. Je ne veux protéger & laisser décorer du titre d’Arts libéraux, de beaux Arts, que ceux qui conduisent à la vertu." Quel est l’Académicien & le patriote qui, pénétré de ces dangereuses conséquences, ne croira pas obliger au fond & très-essentiellement l’Académie de Dijon, en laissant entrevoir au public qu’il y a quelqu’un dans cette Société qui pense comme elle pensoit, quand elle a sollicité son établissement, qui pense comme l’Académie Françoise de Paris, & je crois pouvoir dire hardiment, comme toutes les autres Académies