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d’un ingrat qui, après s’être heureusement façonné par leur culture, a voulu les faire tomber dans le plus grand mépris, &c." Je supplie mes lecteurs de croire que c’est avec la plus grande répugnance que je me détermine à publier de pareilles citations ; mais je ne saurois opposer aux traits satiriques de mes ennemis, que les sentimens contraires des savans qui m’honorent de leur suffrage.

Enfin, je renonce au plaisir de penser que Messieurs de Dijon ne m’honorent de la préférence dans la sortie qu’ils viennent de faire, que parce que j’ai fait à leurs remparts la plus large brêche ; je veux bien, m’en tenir aux motifs apparens qu’ils citent eux-mêmes de l’indignation qu’ils me témoignent, & je leur demande la permission de leur prouver que je ne la mérite point. Si l’on donne les noms de fermeté, de courage, à la défense obstinée de l’ennemi des Lettres & du savoir, j’espere qu’on ne qualifiera point, par des épithetes plus odieuses, le zele qui n porte à défendre & les Belles-Lettres, & l’ouvrage que j’ai fait en leur faveur.

Je me suis déguisé sous le nom d’un Académicien de Dijon, dénomination qui ne m’est point due, dit cet Académicien j’avoue que je n’ai pas l’honneur d’être Académicien de Dijon ; j’ajoute que je n’ai même jamais pensé à solliciter cette place ; mais M. Pascal n’a pas été plus tenté d’être jésuite ; M. l’Abbé Saas d’être bénédiction ; M. Quesnay d’être chirurgien de Rouen. Cette circonstance n’a point empêché ces illustres & respectables Auteurs de se déguiser sous ces dénominations qui ne leur sont point dues.*

[*M. Pascal dans les Lettres Provinciales fait parler un Jésuite. M. Saas feint ingénieusement une défense des titres & des droits de l’Abbaye de St. Ouen, &c. contre le Mémoire de M. Térisse, pour réfuter & tourner en ridicule ces titres & ces droits. M. Quesnay a fait un livré contre les Médecins, sous le nom d’un Chirurgien de Rouen.]