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poli que le nôtre un terme latin de Clénard francisé. Investigatio thematis.

Par combien d’erreurs, — qui de nous en saura faire un bon usage. Si tant de difficultés & d’erreurs environnent ceux qui cherchent la vérité avec les secours que leur prêtent les Sciences & les Arts, que deviendront ceux qui ne la cherchent point du tout ? L’Auteur nous persuadera-t-il qu’elle va chercher qui la suit, & qu’elle suit qui la cherche ? C’est tout ce qu’on pourroit croire de l’aveugle fortune. À l’égard du bon usage de la vérité, il n’est pas, ce me semble, beaucoup plus embarrassant que le bon usage de la vertu ; mais une chose qui me paroît plus embarrassante, c’est le moyen de faire un bon usage de l’erreur & du vice où nous sommes plongés sans les lumieres des Sciences & les instructions de la morale.

Si nos Sciences sont vaines — comme un homme pernicieux. Quoi de plus laborieux qu’un savant ? La premiere utilité des Sciences est donc d’éviter l’oisiveté, l’ennui & les vices qui en sont inséparables. N’eussent-elles que cet usage, elles deviennent nécessaires, puisqu’elles sont la source des vertus & du bonheur de celui qui les exerce. "Quand les Sciences ne seroient pas aussi utiles qu’elles le sont, dit Cicéron, & qu’on ne s’y appliqueroit que pour son plaisir ; vous penserez, je crois, qu’il n’y a point de délassement plus noble & plus digne de l’homme ; car les autres plaisirs ne sont pas de tous les tems, de tous les âges, de tous les lieux ; celui de l’étude fait l’aliment de la jeunesse, la joie des vieillards, l’ornement de ceux qui sont dans la prospérité,