autant que nous : ils sont aussi les plus purs puisqu’ils tiennent de plus près à la nature, à l’ordre, & par leur seule force nous éloignent du vice, & des goûts dépravés. J’ai beau chercher où l’on peut trouver le vrai bonheur ; s’il en est sur la terre, ma raison ne me le montre que là.... Les Comtesses ne vont pas d’ordinaire l’y chercher, je le sais ; elles ne se sont pas nourrices & gouvernantes ; mais il faut aussi qu’elles sachent se passer d’être heureuses : il faut que substituant leurs bruyans plaisirs au vrai bonheur, elles usent leur vie dans un travail de forçat, pour échapper à l’ennui qui les étouffe aussi-tôt qu’elles respirent, & il faut que celles que la nature doua de ce divin sens moral qui charme quand on s’y livre, & qui pése quand on l’élude, se résolvent à sentir incessamment gémir & soupirer leur cœur, tandis que leurs sens s’amusent.
Mais moi qui parle de famille, d’enfans.... Madame, plaignez ceux qu’un sort de fer prive d’un pareil bonheur. Plaignez-les s’ils ne sont que malheureux, plaignez-les beaucoup plus s’ils sont coupables. Pour moi jamais on ne me verra, prévaricateur de la vérité, plier dans mes égaremens, mes maximes à ma conduite ; jamais on ne me verra falsifier les saintes loix de la nature & du devoir, pour exténuer mes fautes. J’aime mieux les expier que les excuser ; quand ma raison me dit que j’ai fait dans ma situation ce que j’ai dû faire, je l’en crois moins que mon cœur qui gémit, & qui la dément. Condamnez-moi donc, Madame, mais écoutez-moi. Vous trouverez un homme ami de la vérité jusques dans ses fautes, & qui ne craint point d’en rappeller lui-même le souvenir, lorsqu’il en peut résulter quelque bien. Néanmoins je rends graces au Ciel,