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qu’elle a duré, m’a empêché de vous écrire. Tout est calmé ; je suis content de moi, & j’espere ne plus cesser de l’être, puisqu’il ne peut plus rien m’arriver de la part des hommes, à quoi je n’aye appris à m’attendre, & à quoi je ne sois préparé. Bonjour, mon cher hôte, je vous embrasse de tout mon cœur.

LETTRE*

[*Mde. la Marquise de Russieux, fille de Mde. la Présidente de Verna, possede l’original de cette lettre. Elle a permis à M. L. C. D. L. d’en tirer une copie qui a été imprimée pour la premiere fois dans le Journal de Paris du 14 Juillet dernier.]

Écrite de Bourgoin le 2 Décembre 1768, par J. J. Rousseau à Madame la présidente de Verna de Grenoble, laquelle informée qu’il étoit venu herboriser en Dauphiné, lui avoit offert un logement dans son château.

Laissons à part, Madame, je vous supplie, les livres & leurs auteurs. Je suis si sensible à votre obligeante invitation, que si ma santé me permettoit de faire en cette saison des voyages de plaisir, j’en serois un bien volontiers pour aller vous remercier. Ce que vous avez la bonté de me dire, Madame, des étangs & des montagnes de votre contrée, ajouteroit à mon empressement, mais n’en seroit pas la premiere cause. On dit que la grotte de la Balme est de vos côtés ; c’est encore un objet de promenade & même d’habitation, si je pouvois m’en pratiquer une dont les fourbes & les chauves-souris