POLYSYNODIE
DE L’ABBÉ
DE SAINT-PIERRE.
CHAPITRE PREMIER.
Nécessité dans la Monarchie d’une forme de Gouvernement subordonnée au Prince.
Si les Princes regardoient les fonctions du Gouvernement
comme des devoirs indispensables, les plus capables s’en
trouveroient les plus surchargés ; leurs travaux comparés à
leurs forces, leur paroîtroient toujours excessifs ; on les
verroit aussi ardens à resserrer leurs États ou leurs droits,
qu’ils sont avides d’étendre les uns & les autres ; & le poids
de la Couronne écraseroit bientôt la plus forte tête qui voudroit
sérieusement la porter. Mais loin d’envisager leur pouvoir
par ce qu’il a de pénible & d’obligatoire, ils n’y voient
que le plaisir de commander ; & comme le Peuple n’est à leurs
yeux que l’instrument de leurs fantaisies, plus ils ont de fantaisies
à contenter, plus le besoin d’usurper augmente ; & plus
ils sont bornés & petite d’entendement, plus ils veulent être
grands & puissans en autorité.
Cependant, le plus absolu despotisme exige encore un travail