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toutes celles qu’on juge à propos de m’attribuer. Je me tais devant les hommes, & je remets ma cause entre les mains de Dieu qui voit mon cœur.

Je ne répondrai donc point, Monsieur, ni aux reproches que vous me faites au nom d’autrui, ni aux louanges que vous me donnez de vous-même : les uns ne sont pas plus mérités que les autres. Je ne vous rendrai rien de pareil, tant parce que je ne vous connois pas, que parce que j’aime à être simple & vrai en toutes choses. Vous vous dites chirurgien ; si vous m’eussiez parlé botanique, & des plantes que produit votre contrée, vous m’auriez fait plaisir,, & j’en aurois pu causer avec vous : mais pour de mes livres & de toute autre espece de livres, vous m’en parleriez inutilement, parce que je ne prends plus d’intérêt à tout cela. Je ne vous réponds point en latin, par la raison ci-devant énoncée : il ne me reste de cette langue qu’autant qu’il en faut pour entendre les phrases de Linnaeus. Recevez, Monsieur,, mes très-humble salutations.

LETTRE À M. LE MARQUIS DE MIRABEAU.

Calais le 22 Mai 1767.

J’arrive ici, Monsieur, après bien des aventures bizarres qui seroient un détail plus long qu’amusant. Je voudrois de tout mon cœur aller finir mes jours au château de Brie ; mais