Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/594

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne demande à chaque fois que deux lignes, toujours les mêmes & rien de plus. J’ai reçu votre lettre de telle date. Je me porte bien, je vous aime toujours. Voilà tout. Répétez-moi ces dix mots douze sois l’année, & je suis content. De mon côté j’aurai le plus grand soin de ne vous écrire jamais rien qui puisse vous importuner ou vous déplaire. Mais cesser de vous écrire avant que la mort nous sépare, non Mylord, cela ne peut pas être ; cela ne se peut pas plus que cesser de vous aimer.

Si vous tenez votre cruelle résolution, j’en mourrai, ce n’est pas le pire ; mais j’en mourrai dans la douleur, & je vous prédis que vous y aurez du regret. J’attends une réponse, je l’attends dans les plus mortelles inquiétudes ; mais je connois votre ame & cela me rassure. Si vous pouvez sentir combien cette réponse m’est nécessaire, je suis très-sûr chue je l’aurai promptement,

LETTRE À M. LE MARQUIS DE MIRABEAU.

Il est digne de l’ami des hommes de consoler les affligés. La lettre, Monsieur, que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, la circonstance où elle a été écrite, le noble sentiment qui l’a dictée, la main respectable dont elle vient, l’infortuné à qui elle s’adresse, tout concourt à lui donner dans mon