vous montrer ma demeure, afin que vos idées s’y promenent avec plaisir. Ce n’en qu’auprès de vous, Madame, que je pouvois trouver une société préférable à la solitude. Pour la former dans cette province, il y faudroit transporter votre famille entiere, une partie de Neufchâtel, & presque tout Yverdun. Encore après cela, comme l’homme est insatiable, me faudroit-il vos bois, vos monts, vos vignes, enfin tout jusqu’au lac & ses poissons. Bonjour, Madame, mille tendres salutations à M. de Luze. Parlez quelquefois avec Mad. de Froment & Mad. de Sandoz de ce pauvre exilé. Pourvu qu’il ne le soit jamais de vos cœurs, tout autre exil lui sera supportable.
LETTRE À M. LE GÉNÉRAL CONWAY.
Le 12 Mai 1766.
MONSIEUR,
Vivement touché des graves dont il plaît à S.M. de m’honorer, & de vos bontés qui me les ont attirées, j’y trouve dès à présent ce bien précieux à mon cœur, d’intéresser à mon sort le meilleur des Rois & l’homme le plus digne d’être aimé de lui. Voilà, Monsieur, un avantage que je ne mériterai point de perdre ; mais il faut vous parler avec la franchise que vous aimez. Après tant de malheurs, je me croyois préparé à tous les événemens possibles ; il m’en arrive pourtant que je n’avois pas prévus, & qu’il n’est pas même permis à un honnête homme