ni regrets à vous-même, ni le blâme des honnêtes gens. Je vous salue de tout mon cœur.
P. S. Si vous aviez un besoin pressant des deux louis que vous demandiez au Libraire, je pourrois en disposer sans m’incommoder beaucoup. Parlez-moi naturellement ; ce ne seroit pas vous en faire un don, ce seroit seulement payer vos vers au prix que vous y avez mis vous-même.
LETTRE À M. D.
Strasbourg le 5 Novembre 1765.
Je suis arrivé, mon cher Hôte, à Strasbourg samedi, tout-à-fait hors d’état de continuer ma route, tant par l’effet de mon mal & de la fatigue, que par la fiévre & une chaleur d’en-trailles qui s’y sont jointes. Il m’est aussi impossible d’aller maintenant à Potzdam qu’à la Chine, & je ne sais plus trop ce que je vais devenir ; car probablement on ne me laissera pas long-tems ici. Quand on est une fois au point où je suis, on n’a plus de projets à faire ; il ne reste qu’à se résoudre à toutes choses, & plier la tête sous le pesant joug de la nécessité.
J’ai écrit à Mylord Maréchal ; je voudrois attendre ici sa réponse. Si l’on me chasse, j’irai chercher de l’autre côté du Rhin quelque humanité, quelque hospitalité : si je n’en trouve plus nulle part, il faudra bien chercher quelque moyen de s’en passer. Bonjour, non plus mon hôte, mais toujours mon ami. George Keith & vous, m’attachez encore à la vie. De tels liens ne se rompent pas aisément. Je vous embrasse.