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subtilement, & pour les panser ressortoit par l’autre ? Voilà l’histoire de tous les Clergés du monde, excepté que le Chirurgien guérissoit du moins ses blessés, & que ces Messieurs en traitant les leurs les achevent.

N’entrons point, Monsieur, dans les intrigues secretes qu’il ne faut pas mettre au grand jour. Mais si M. de M. n’eût voulu qu’exécuter l’ordre de la Classe ou faire l’acquit de sa conscience, pourquoi l’acharnement qu’il a mis à cette affaire ? pourquoi ce tumulte excité dans le pays ? pourquoi ces prédications violentes ? pourquoi ces conciliabules ? pourquoi tant de sots bruits répandus pour tâcher de m’effrayer par les cris de la populace ? Tout cela n’est-il pas notoire au public ? M. de M. le nie, & pourquoi non, puisqu’il a bien nié d’avoir prétendu deux voix dans le Consistoire. Moi, j’en vois trois, si je ne me trompe. D’abord celle de son Diacre, qui n’étoit là que comme son représentant ; la sienne ensuite qui formoit l’égalité ; & celle enfin qu’il vouloir avoir pour départager les suffrages. Trois voix à lui seul ç’eût été beaucoup, même pour absoudre ; il les vouloit pour condamner, & ne put les obtenir, où étoit le mal ? M. de M. étoit trop heureux que son Consistoire plus sage que lui l’eût tiré d’affaire avec la Classe, avec ses confreres, avec ses correspondans, avec lui-même. J’ai fait mon devoir, auroit-il dit, j’ai vivement poursuivi la chose : mon Consistoire n’a pas jugé comme moi ; il a absous ROUSSEAU contre mon avis. Ce n’est pas ma faute ; je me retire ; je n’en puis faire davantage sans blesser les loix, sans désobéir au Prince, sans troubler le repos public : je suis trop bon chrétien, trop bon citoyen, trop bon pasteur pour rien