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avoit-il jamais trouvé un mot à reprendre, ou pourquoi ne m’en avoir-il rien dit, à moi son paroissien, dans plusieurs visites qu’il m’avoit faites ? Qu’étoit devenu son zele pastoral ? Voudroit-il qu’on le prît pour un imbécille, qui ne sait voir dans un livre de son métier ce qui y est que quand on le lui montre ? Si ces ordres étoient injustes pourquoi s’y soumettoit-il ? Un Ministre de l’Evangile, un Pasteur doit-il persécuter par obéissance un homme qu’il sait être innocent ? Ignoroit-il que paroître même en Consistoire est une peine ignominieuse, un affront cruel pour un homme de mon âge, sur-tout dans un village, où l’on ne connoît d’autres matieres consistoriales que des admonitions sur les mœurs ? Il y a dix ans que je fus dispensé à Geneve de paroître en Consistoire dans une occasion beaucoup plus légitime, &, ce que je me reproche presque, contre le texte formel de la loi. Mais il n’est pas étonnant que l’on connoisse à Geneve des bienséances que l’on ignore à Motiers.

Je ne sais pour qui M. de M. prend ses lecteurs quand il leur dit qu’il n’y avoit point d’inquistion dans cette affaire ; c’est comme s’il disoit qu’il n’y avoit point de Consistoire, car c’est la même chose en cette occasion. Il fait entendre, il assure même qu’elle ne devoir point avoir de suite temporelle : le contraire est connu de tous les gens au fait du projet, & qui ne sait qu’en surprenant la religion du Conseil d’Etat on l’avoit déjà engagé à faire des démarches qui tendoient à m’ôter la protection du Roi ? Le pas nécessaire pour achever étoit l’excommunication. Après quoi de nouvelles remontrances au Conseil d’Etat auroient fait le reste ; on s’y étoit engagé, & voilà d’où vient la douleur de n’avoir pu réussir. Car d’ailleurs