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ce dernier, qui n’ont pas même été des sujets de plainte dans l’autre ?

Quand j’aurois fait à M. de M. cette promesse à laquelle je ne songeai de ma vie, prétendroit-il qu’elle fût si absolue qu’elle ne supportât pas la moindre exception, pas même d’imprimer un mémoire pour ma défense lorsque j’aurois un procès ? Et quelle exception m’étoit mieux permise que celle où me justifiant je le justifiois lui-même, où je montrois qu’il étoit faux qu’il eût admis dans son Eglise un aggresseur de la Religion ? Quelle promesse pouvoir m’acquitter de ce que je devois à d’autres & à moi-même ? Comment pouvois-je supprimer un écrit défensif pour mon honneur, pour celui de mes anciens compatriotes ; un écrit que tant de grands motifs rendoient nécessaire & où j’avois à remplir de si saints devoirs ? À qui M. de M. sera-t-il croire que je lui ai promis d’endurer l’ignominie en silence ? À présent même que j’ai pris avec un Corps respectable un engagement formel,*

[*Voyez la lettre du 9 Avril passé à M. Meuron Procureur-Général. ] qui est-ce dans ce Corps qui m’accuseroit d’y manquer, si, forcé par les outrages de M. de M. je prenois le parti de les repousser aussi publiquement qu’il ose les faire. Quelque promesse que fasse un honnête homme on n’exigera jamais, on présumera bien moins encore, qu’elle aille jusqu’à se bisser déshonorer.

En publiant les Lettres écrites de la Montagne, je fis mon devoir & je ne manquai point à M. de M. Il en jugea lui-même ainsi, puisqu’après la publication de l’ouvrage, dont je lui avois envoyé un exemplaire, il ne changea point avec moi de maniere