LETTRE À M. MEURON, Conseiller d’Etat & Procureur-Général à Neufchâtel.
Motiers le 9 Mars 1765.
Hier, Monsieur, M. de Montmollin m’honora d’une visite, dans laquelle nous eûmes une conférence assez vive. Après m’avoir annoncé l’excommunication formelle comme inévitable, il me proposa, pour prévenir le scandale, un tempérament que je refusai net. Je lui dis que je ne voulois point d’un état intermédiaire ; que je voulois être dedans ou dehors, en paix ou en guerre., brebis ou loup. Il me fit sur toute cette affaire plusieurs objections que je mis en poudre ; car comme il n’y a ni raison ni justice à tout ce qu’on fait contre moi, si-tôt qu’on entre en discussion, je suis fort. Pour lui montrer que ma fermeté n’étoit point obstination, encore moins insolence, j’offris, si la Classe vouloir rester en repos, de m’engager avec lui de ne plus écrire de ma vie sur aucun point de religion ; il répondit qu’on se plaignoit que j’avois déjà pris cet engagement, & que j’y avois manqué : je repliquai, qu’on avoit tort ; que je pouvois bien l’avoir résolu pour moi, mais que je ne l’avois promis à personne. Il protesta qu’il n’étoit pas le maître, qu’il craignoit que la Classe n’eût déjà pris sa résolution. Je répondis que j’en étois fâché, mais que j’avois aussi pris la mienne. En sortant, il me dit qu’il seroit ce qu’il pourroit ; je lui dis qu’il seroit ce qu’il voudroit ; & nous nous