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vous en correspondance, & pour un objet si respectable, je sens du plaisir à la prévenir.

Une autre idée me fait livrer à mon zele avec confiance. Les devoirs de M. le Comte de*****. l’appelleront quelquefois loin de vous. Je rends trop de justice à vos sentimens nobles pour douter que si le charme de votre présence lui faisoit oublier ces devoirs, vous ne les lui rappellassiez vous-même avec courage. Comme un amour fondé sur la vertu peut sans danger braver l’absence, il n’a rien de la mollesse du vice, il se renforce par les sacrifices qui lui coûtent, & dont il s’honore à ses propres yeux. Que vous êtes heureuse, Madame, d’avoir un mérite qui vous met au-dessus des craintes, & un époux qui sait si bien en sentir le prix ! Plus il aura de comparaisons à faire, plus il s’applaudira de son bonheur.

Dans ces intervalles vous passerez un tems très-doux, à vous occuper de lui, des chers gages de sa tendresse, à lui en parler dans vos lettres, à en parler à ceux qui prennent part à votre union. Dans ce nombre oserois-je, Madame, me compter auprès de vous pour quelque chose. J’en ai le droit par mes sentimens ; essayez si j’entends les vôtres, si je sens vos inquiétudes, si quelquefois je puis les calmer. Je ne me flatte pas d’adoucir vos peines, mais c’est quelque chose qu les partager, & voilà ce que je serai de tout mon cœur. Recevez, Madame, je vous supplie, les assurances de mon respect.