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À cela je réponds : l̊. que ces pays sont dans le même cas aujourd’hui, & que par conséquent ce ne seroit pas pour eux un désavantage positif à citer, mais seulement un avantage de moins, & un inconvénient inévitable, auquel leur situation les expose ; 2̊. Que délivrés de toute inquiétude du côté de l’Europe, ils seroient beaucoup plus en état de résister au-dehors ; 3̊. Que la suppression de toutes les forteresses de l’intérieur de l’Europe, & des frais nécessaires à leur entretien, mettroit la confédération en état d’en établir un grand nombre sur les frontières, sans être à charge aux Confédérés ; 4̊. Que ces forteresses construites, entretenues & gardées à frais commune, seroient autant de sûretés & de moyens d’épargne pour les Puissances-frontières dont elles garantiroient les Etats ;

5̊. Que les troupes de la confédération distribuées sur les confins de l’Europe, seroient toujours prêtes à repousser l’agresseur ; 6̊. Qu’enfin un Corps aussi redoutable que la République Européenne, ôteroit aux Etrangers l’envie d’attaquer aucun de ses membres : comme le Corps Germanique, infiniment moins puissant, ne laisse pas de l’être assez pour se faire respecter de ses voisins & protéger utilement tous les Princes qui le composent.

On pourra dire encore que les Européens n’ayant plus de guerres entre eux, l’Art militaire tomberoit insensiblement dans l’oubli ; que les troupes perdroient leur courage & leur discipline ; qu’il n’y auroit plus ni généraux, ni soldats, & que l’Europe resteroit à la merci du premier venu.

Je réponds qu’il arrivera de deux choses l’une : ou les voisins de l’Europe l’attaqueront, & lui feront la guerre, ou