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vous rien proposer ; mais vous seroit-il possible, l’année prochaine, de vous ménager un passage par ce pays ? J’ai dans la tête que nous nous verrions avec plaisir, & que nous nous quitterions contens l’un de l’autre. Voyez, puisque voilà l’hospitalité établie entre nous, venez user de votre droit. Je vous embrasse.

LETTRE À M. D E C*****.

Motiers le 6 Octobre 1764.

Je vous remercie, Monsieur, de votre derniere piece, & du plaisir que m’a fait sa lecture. Elle décide le talent qu’annonçoit la premiere, & déjà l’auteur m’inspire aimez d’estime pour oser lui dire du mal de son ouvrage. Je n’aime pas trop qu’à votre âge, vous fassiez le grand-pere, que vous me donniez un intérêt si tendre pour le petit-fils que vous n’avez point ; & que dans une Epître où vous dites de si belles choses, je sente que ce n’est pas vous qui parlez. Evitez cette métaphysique à la mode, qui depuis quelque tems obscurcit tellement les vers françois qu’on ne peut les lire qu’avec contention d’esprit. Les vôtres ne sont pas dans ce cas encore, mais ils y tomberoient si la différence qu’on sent entre votre premiere piece & la seconde alloit en augmentant. Votre Epître abonde, non-seulement en grands sentimens, mais en pensées philosophiques auxquelles je reprocherois quelquefois de l’être trop.