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par l’excessive dépense qu’épargne la réforme de l’état militaire, de ces multitudes de forteresses, & de cette énorme quantité de troupes qui absorbe leurs revenus, & devient chaque jour plus à charge à leurs Peuples & à eux-mêmes. Je sais qu’il ne convient pu à tous les Souveraine de supprimer toutes leurs troupes, & de n’avoir aucune force publique en main pour étouffer une émeute inopinée, ou repousser une invasion subite.*

[*Il se présente encore ici d’autres objections ; mais comme l’Auteur du projet ne se les est pu faites, je les ai rejetées dans l’examen.] Je sais encore qu’il y aura un contingent à fournir à la confédération, tant pour la garde des frontières de l’Europe que pour l’entretien de l’armée confédérative destinée à soutenir, au besoin, les décrets de la Diète. Mais toutes ces dépenses faites, & l’extraordinaire des guerres à jamais supprimé, il resteroit encore plus de la moitié de la dépense militaire ordinaire à répartir entre le soulagement des sujets, & les coffres du Prince ; de sorte que le Peuple payeroit beaucoup moins ; que le Prince, beaucoup plus riche, seroit en état d’exciter le Commerce, l’Agriculture, les Arts, de faire des établissemens utiles, qui augmenteroient encore la richesse du Peuple & la sienne ; & que l’Etat seroit avec cela dans une sûreté beaucoup plus parfaite que celle qu’il peut tirer de ses armées, & de tout cet appareil de guerre qui ne cesse de l’épuiser au sein de la paix.

On dira peut-être que les pays frontières de l’Europe seroient alors dans une position plus désavantageuse, & pourroient avoir également des guerres à soutenir, ou avec le Turc, ou avec les Corsaires d’Afrique, ou avec les Tartares.