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ainsi les Princes n’en seront pu moins absolus, & leur Couronne en sera plus assurée : de sorte qu’en se soumettant au jugement de la Diète, dans leurs démêlés d’égal à égal, & s’ôtant le dangereux pouvoir de s’emparer du bien d’autrui, ils ne font que s’assurer de leurs véritables droits, & renoncer à ceux qu’ils n’ont pas. D’ailleurs, il y a bien de la différence entre dépendre d’autrui, ou seulement d’un Corps dont on est membre & dont chacun est chef à son tour ; car en ce dernier cas on ne fait qu’assurer sa liberté, par les garans qu’on lui donne ; elle s’aliéneroit dans les mains d’un maître, mais elle s’affermit dans celles des Associés. Ceci se confirme par l’exemple du Corps Germanique ; car bien que la souveraineté de ses membres soit altérée à bien des égards par sa constitution, & qu’ils soient par conséquent dans un cas moins favorable que ne seroient ceux du Corps Européen, il n’y en a pourtant pu un seul, quelque jaloux qu’il soit de son autorité, qui voulût, quand il le pourroit, s’assurer une indépendance absolue en se détachant de l’Empire.

Remarquez de plus que le Corps Germanique ayant un Chef permanent, l’autorité de ce Chef doit nécessairement tendre cesse à l’usurpation ; ce qui ne peut arriver de même dans la Diète Européenne, où la présidence doit être alternative, & sans égard à l’inégalité de puissance.

À toutes ces considérations il s’en joint une autre bien plus importante encore pour des gens aussi avides d’argent que le sont toujours les Princes ; c’est une grande facilité de plus d’en avoir beaucoup, par tous les avantages qui résulteront pour leurs Peuples & pour eux, d’une paix continuelle, &