Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée

embarquer, que la saison soit moins rude, vous voulez bien Mylord, que je compte encore sur une de vos lettres avant votre départ.

LETTRE À M. A.

Motiers-Travers le 7 Avril 1764.

L’état où j’étois, Monsieur, au moment où votre lettre me parvint, m’a empêché de vous en accuser plutôt la réception, & de vous remercier comme je fais aujourd’hui, du plaisir que m’a fait ce témoignage de votre souvenir. J’en suis plus touché que surpris, & j’ai toujours bien cru que l’amitié dont vous m’honoriez dans mes jours prosperes, ne se refroidiroit ni par mes disgraces, ni par mon exil. De mon côté, sans avoir avec vous des relations suivies, je n’ai point cessé, Monsieur, de prendre intérêt aux changemens agréables que vous avez éprouvés depuis nos anciennes liaisons. Je ne doute point que vous ne soyez aussi bon mari, & aussi digne pere de famille, que vous étiez homme aimable étant garçon ; que vous ne vous appliquiez à donner à vos enfans une éducation raisonnable & vertueuse, & que vous ne fassiez le bonheur d’une femme de mérite qui doit faire le vôtre. Toutes ces idées, fruits de l’estime qui vous est due, me rendent la vôtre plus précieuse.

Je voudrois vous rendre compte de moi pour répondre à l’intérêt que vous daignez y prendre ; mais que vous dirois-je ?