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LETTRE À M. L. P. L. E. D. W.

Motiers le 92 Septembre 1763.

Vous me faites, Monsieur le Duc, bien plus d’honneur que je n’en mérite. Votre Altesse Sérénissime aura pu voir dans le livre qu’elle daigne citer, que je n’ai jamais su comment il faut élever les Princes ; & la clameur publique me persuade que je ne sais comment il faut élever personne. D’ailleurs les disgraces & les maux m’ont affecté le cœur & affoibli la tête. Il ne me reste de vie que pour souffrir, je n’en ai plus pour penser. À Dieu ne plaise, toutefois, que je me refuse aux vues que vous m’exposez dans votre lettre. Elle me pénetre de respect & d’admiration pour vous. Vous me paroissez plus qu’un homme, puisque vous savez l’être encore dans votre rang. Disposez de moi, Monsieur le Duc ; marquez-moi vos doutes, je vous dirai mes idées ; vous pourrez me convaincre aisément d’insuffisance, mais jamais de mauvaise volonté.

Je supplie Votre Altesse Sérénissime d’agréer les assurances de mon profond respect.